12/31/2020

Particulière 2020

2020... quoi dire?

Il y en aurait tellement à dire au sujet de ce qui s'est passé au cours des 365 derniers jours. Tentons de résumer ça en quelques mots.

2020, année particulière si c'en est une. Because pandémie, bien sûr.

J'ai joué une fois au jeu de société. La partie avait duré un bon deux heures. Pis cette année, comme tout le monde, j'ai "joué" trop longtemps dans la vraie vie. Pis c'est même pas fini.

2020, année où j'ai plongé dans un projet d'entreprise qui m'emballe encore aujourd'hui, mais avec moins d'intensité (pis c'est tant mieux, croyez-moi :)). Et année lors de laquelle j'ai cofondé un OBNL qui, on l'espère bien, va se développer de belle façon.

2020, année où j'ai pris du temps à me remettre sur pied. Présentement, avec les médicaments, je gère mon trouble comme il faut. Ça s'améliore de belle façon. Je suis entouré de personnes compétentes et j'adopte, je crois, une bonne attitude. Mais on y va un jour à la fois.

Alors on se dit quoi? À la fin de ma plus récente rencontre avec l'éducatrice, elle m'a demandé ce qu'elle pourrait me souhaiter pour 2021.

"De la sérénité", ai-je répondu spontanément. J'avais comme oublié la santé, qui s'avère très importante. Santé physique ET santé mentale.

Pourtant, si on regarde pour sénérité : "État de calme, de tranquillité, de confiance sur le plan moral", indique Larousse.

Alors donc santé et sérénité, ça me semble un bon mix.

11/26/2020

Ça va?

En temps "normal", on pose la question assez souvent, surtout de façon banale.

En fait, on demande : "Ça va bien?". Une question déjà orientée et qui encourage l'interlocuteur à dire un "oui" bien ordinaire, sans vraiment trop y réfléchir.

Mais là, à cause de cette saleté de pandémie, on dirait que le "ça va?" prend une autre tournure. Il est plus profond et sincère. On est plus à l'affût de l'état physique et mental de nos proches et des gens dans nos réseaux.

Bon, puisque vous êtes peut-être curieux d'avoir une réponse sincère de ma part, justement, je vais vous le dire... 

Je vais bien. Je suis fatigué, mais je vais bien. En fait, c'est que ça dépend des jours.

Bien. Présentement, il faut parfois, encore, que je me répète ce que la psychiatre du TIBD (Traitement intensif bref à domicile) m'a dit cet été : ça va prendre du temps à revenir à la normale.

De toute façon, la normale, on dirait que ces temps-ci, je sais plus trop c'est quoi. Tant pour mon état personnel que l'état de la pandémie.

Oui, j'apprivoise mon trouble bipolaire, je le comprends mieux, mon humeur ne joue pas au yoyo, donc tout ça c'est positif. Le moins plaisant, c'est que je ressens encore un bon manque d'énergie. Plus amorphe, je fais des siestes quelques fois par semaine et j'ai plus de difficulté à me concentrer.

Récemment, on a procédé à un changement dans mes médicaments. Un changement qui, je l'espère, me permettra d'avoir des journées complètes, plus dynamiques, sans trop avoir le goût de fermer les paupières et de m'assoupir.

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"T'es en feu!", m'avait dit Damien en janvier. Retraité occupé, Damien travaille sur le projet des valoristes et des contenants consignés avec moi.

Et je l'étais, en feu, en effet. De janvier à juin, tranquillement, j'étais de plus en plus exalté...

Exalté, le mot est important. Ça veut dire actif, intense. Je dormais peu, mais j'avais quand même beaucoup d'énergie pour écrire un paquet de messages à un paquet de monde, noter des idées, aller courir, parler avec de potentiels partenaires, réseauter pas mal et me faire entendre pour parler du projet. 

C'était un véritable feu roulant, j'avais le pied au fond de l'accélérateur, mais j'aimais ce qui se passait et je voulais que ça continue.

Oui, c'était accaparant, drainant, mais tellement stimulant.

J'étais donc de plus en plus intense... et je ne voyais pas le mur s'en venir. En fait, je me disais bien que j'allais craquer ou m'enfarger un moment donné. Je savais qu'il fallait que je me calme, mais mon cerveau lui ne s'arrêtait vraiment pas. 

Le truc des valoristes était rendu une obsession. Je voyais des canettes partout. Je voulais carrément casser la baraque avec le projet, que tout le monde en entende parler à Québec (et même au-delà) et qu'il trouve ça si beau et si trippant. Comme moi je le trouvais si beau et si trippant...

Fin juin, je tenais bon, mais je négligeais mon alimentation et mon hygiène de vie. Depuis quelques semaines déjà, je travaillais sur le projet à même mon nouvel appart plutôt que dans l'espace de coworking qu'un partenaire offrait. En juillet, mon frère est venu me rendre visite, seul. Tout semblait beau.

Sur mon guide de cotation de l'humeur, il a 9 niveaux qui vont de + 4 à - 4, le plus élevé étant une sensation intense de bien-être... et croyances inhabituelles.

Ça s'est mis à aller mal, sans trop que je m'en rende compte. Je me suis mis à imaginer des choses, un gros complot contre l'entrepreneur que je devenais et contre le projet des valoristes. Je doutais beaucoup des gens.

C'était insensé, mais j'y croyais. Je ne dormais presque plus... je vous épargne les détails, mais il fallait que ça s'arrête.

Mon séjour à l'hôpital a été salvateur. On a pris soin de moi, j'ai dormi profondément pendant une bonne nuit. Et je suis sorti le lendemain, accompagné de ma mère, qui est restée à mes côtés pendant plusieurs jours.

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Et vous, ça va?


7/29/2020

Love you, Mark. Fuck you, Mark.


J'ai vraiment une relation amour-haine avec Mark Zuckerberg, fondateur et créateur de Facebook.

C'est en fait plus une relation admiration-détestation, je dirais. Ça fait des années que ça dure.

Zuckerberg, je l'admire. C'est tout un entrepreneur. Il a eu une idée et il l'a amenée super loin et maintenant, c'est l'un des gars les plus puissants du monde.

Avec son chiffre d'affaires et son influence sur le monde, Facebook fait partie de ce qu'on appelle souvent les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple). Il existe d'ailleurs quelques variantes de l'acronyme, selon l'empire qu'on ajoute à la fin : GAFAN (Netflix) ou GAFAM (Microsoft), par exemple.

Je le reconnais, donc :  Mark Zuckerberg, petit génie, a conçu la plateforme numérique la plus utilisée et la plus intéressante sur la planète. Les jeunes la délaissent, mais il y a quand même des centaines de millions de personnes qui sont dessus chaque jour, plusieurs fois par jour. Je lève la main.

Le film The Social Network, de David Fincherm'a fasciné, la première fois que je l'ai vu. Bon, tout dedans n'est pas véridique (Zuckerberg l'a affirmé en tout cas), mais le long métrage raconte quand même bien la genèse de ce qu'est devenu Facebook et tout le travail que les gens qui l'ont créé, Mark en tête, ont mis dans son élaboration.

Maintenant, après les fleurs, le pot.

Toujours selon le film de Fincher, le gars est narcissique et un vrai p'tit morveux. Il aurait utilisé et volé les idées des autres pour propulser et améliorer la plateforme.

Je n'aime pas le gars pour ses opinions, son obsession à faire du profit et son attitude face aux médias et aux journalistes. On ne peut pas vraiment dire que Zuckerberg et Facebook sont synonymes de transparence.

Rappelons que Monsieur a créé une fondation en 2015, avec sa femme Priscilla Chan : la Chan Zuckerberg Foundation. Elle a été créée afin de faire "avancer le potentiel humain et promouvoir l'égalité dans des domaines comme la santé, l'éducation, la recherche scientifique et l'énergie".

Traitez-moi de rabat-joie, mais j'ai vraiment l'impression que c'est de la frime, ça, juste pour mieux paraître et dorer l'image de Zuckerberg. 

On se dit : oh, wow, comme c'est une bonne personne. Mais le tout, à mes yeux, est bien plus une campagne de relations publiques. Justement, sur Wikipédia, on peut lire certaines critiques, dont le fait que la fondation en question "n'est pas une organisation à but non lucratif" et qu'elle permet de "générer des profits, financer des campagnes politiques ou faire du lobbying".

Ce sacré Mark Zuckerberg a créé un truc qui a accaparé beaucoup (trop?) de mon temps ces dernières années. J'ai fait une pause du réseau il y a quelques jours. Ma pause a duré un bon 4 jours. C'en est ridicule.

Ça m'a fait du bien, c'est sûr. Mais c'est comme une drogue, cette patente-là, les notifications étant des shots d'attention qui t'encouragent à publier plus et à poster sur tout ce qui se passe dans ta vie. C'est dangereux, car les communications numériques ne remplaceront jamais les contacts humains, plus complexes mais plus véritables et profonds.

7/07/2020

Ancrage et solidarité


Oh mon Dieu... c'est fou! Quand on dit que le temps passe vite... je pensais que j'avais publié un texte il y a deux semaines ici! Mais non, c'est il y a presqu'un mois! Anyways, c'est pas pantoute là-dessus que je veux écrire. Alors passons.

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Depuis que j'ai déménagé, je me sens vraiment ancré. Groundé.

Ancré dans Québec, ville adorée. Ancré dans Limoilou, quartier que je connaissais quand même un peu. Le Vieux-Limoilou, si dynamique et charmant. Ancré dans une communauté engagée et solidaire.

Avant et depuis

Avant j'étais dans Lebourgneuf, banlieue située à l'arrière des Galeries de la Capitale (tsé, les manèges dans le centre d'achat).

Sauf que dans Lebourgneuf, je trouve qu'il n'y a pas de vie de communauté. Pratiquement pas de bon voisinage. Assez peu d'arbres, qui sont bien jeunes, donc tout petits. Avant, c'était un champ, il y a quelques années à peine, m'a-t-on expliqué. Mais les tours et les immeubles ont poussé depuis, à vitesse grand V.

J'y ai donc habité un condo bien acceptable de décembre 2016 à juin 2020. Sauf que depuis des mois, il y avait quelque chose qui ne marchait pas vraiment. Je travaillais sur notre projet de Valoristes Québec et j'étais dans mon condo de Lebourgneuf, à 20 minutes du centre-ville, loin de ceux et celles pour qui je me démenais.

C'était... incohérent (je pense que c'est le bon mot, oui).

Et depuis que je suis dans Limoilou, pas mal toute fitte.

Je sors dans les rues, je parle à des valoristes. Je salue des gens que je connais. Je peux consommer dans des commerces locaux et des boutiques spécialisées plutôt que les grandes chaînes. Même mon épicerie, un IGA, a un petit cachet communautaire. Il y a un peu de moins choix et y a pas tout ce qu'on veut. Mais s'il faut autre chose, cette autre chose-là, elle est fort probablement à deux ou trois rues (pharmacie, boulangerie, fromagerie, boucherie, poissonnerie, saucisserie, sushi... alouette!)

Bon voisinage

Depuis que je suis dans Limoilou, je trouve ça génial. Quand tu habites dans le Vieux-Limoilou, tu peux encourager plusieurs commerces  (pas de grandes chaînes! Et c'est tant mieux :)) en un seul avant-midi, tout ça en marchant!

C'est pas dans Lebourgneuf qu'on peut faire ça, croyez-moi. Moi et mon ex, on devait sûrement être parmi les rares à aller, des fois, magasiner aux Galeries de la Capitale à pied, en partant du condo. Là-bas, tout est pas mal pensé et conçu pour l'auto. Si tu veux y aller à pied, tu traverses des stationnements en asphalte.

Et question voisinage, ce n'est pas terrible, disons. Simple anecdote : quand j'ai terminé mon mandat comme président du conseil d'administration du syndicat de copropriété, j'ai envoyé un message de démission aux propriétaires. J'ai reçu, si je me souviens bien, 3 ou 4 messages de retour. Dont un de M. Dufour, que j'appréciais bien car il travaillait pour l'entretien du terrain (c'était pas mal le seul, en fait!). Et lui, il a répondu. Il a écrit (je cite de mémoire) : "vous êtes une bonne personne". J'ai trouvé ça gentil de sa part. Au moins, lui, il a cette petite fibre communautaire.

Les trois autres messages envoyés à l'adresse du syndicat étaient aussi des remerciements, essentiellement. Sauf qu'on était 15 à vivre dans l'immeuble! Faites le calcul : une bonne dizaine de proprio qui n'ont juste pas répondu pour remercier leur président et pour reconnaître le travail effectué pour la "communauté". Ce n'était pas 10 heures par semaine de bénévolat, mais quand même. On parle de quelques heures par mois, sans rien avoir en retour. Juste parce que on veut donner un peu et s'impliquer... Le trésorier était bien déçu de me voir quitter l'immeuble.

Je dois dire par contre que cela m'a permis d'acquérir un paquet de compétences. J'ai appris des choses sur les procès verbaux, les assurances, les entreprises de déneigement qui font la piasse, les relations entre les autres blocs (pas toujours évidentes), les relations entre les copropriétaires (pas toujours évidentes non plus), etc.

Des défis variés et des tâches que j'ai réalisées et qui me servent bien aujourd'hui, dans mon travail, pas encore rémunéré... mais qui devrait l'être bientôt, je l'espère.

Attention : je ne veux pas dire que mes anciens voisins sont des insensibles. Ils avaient sûrement de bonnes raisons de ne pas me remercier (quoique, ça prend quelques minutes pour reconnaître les efforts) : pas eu le temps, trop occupé, pas vu le message, oublié...

Et ce n'est pas une attaque contre la banlieue, je tiens à le spécifier. C'est juste un constat que je fais. Ici, dans Limoilou, avec le bon voisinage, je suis pas mal convaincu que les personnes qui gèrent les copropriétés sont plus reconnues. Tout simplement parce que les voisins se connaissent plus, sont moins nombreux à être coproprio et s'apprécient davantage. Alors ils ont le réflexe de dire aux gens qui les aident : heille, merci, bon travail!

Bref, tout ça pour dire que j'adore où je suis. Je compte y rester longtemps. À côtoyer cette faune solidaire et davantage communautaire. Ça me branche au boutte!

Et l'ancrage se poursuit...


P.S. : le titre de ce billet est un petit clin d'oeil à la série Les Invincibles (premiers épisodes), mais en beaucoup moins mâle. Les gens qui l'ont vue comprendront peut-être... elle est en ligne sur ICI Tou.tv d'ailleurs. Gratuitement.

6/08/2020

Valoristes Québec : une histoire d'amitié


Nous avons ouvert notre point de dépôt de contenants consignés au centre-ville de Québec le vendredi 5 juin dernier. Toute une journée! Beaucoup d'émotions pour moi... je prendrai le temps d'y revenir éventuellement.

Mais avant, voici un texte rédigé pour le Journal
L'Infobourg du Comité populaire St-Jean-Baptiste. Touchez la photo pour l'agrandir. Sur la photo : Bernard St-Gelais, Odette Giroux, Damien Morneau, moi-même, Serge Williams et Pierre-Luc Lachance.


La première fois que j’ai vu Damien Morneau, citoyen engagé du quartier Saint-Jean-Baptiste, c’était l’été dernier. Nous étions bénévoles sur un projet de point de dépôt de contenants consignés dédié aux valoristes, ces gens qui collectent les matières recyclables (canettes et bouteilles) pour se faire un peu de sous.

Déjà, je sentais que ça allait cliquer entre nous. Grand, bouille sympathique, il m’a tout de suite semblé être un homme sensible et dévoué aux causes environnementales et sociales. Comme moi.

Depuis 2016

Et puis, le temps a passé. Pour la petite histoire, Valoristes Québec est d’abord une initiative du Conseil de quartier Saint-Roch, qui a pris de l’ampleur depuis ses débuts en 2016. Si bien qu’en 2018, on faisait un premier point de dépôt « test » afin de déterminer si les besoins pour ce genre d’initiative étaient présents dans Saint-Roch.

La réponse était claire : mais bien sûr ! Comme dans toute ville relativement dense, et même ailleurs, on retrouve des gens en situation de vulnérabilité, qui comptent sur certains revenus d’appoint que représentent les contenants consignés afin de subvenir à leurs besoins.

Puis, en 2019, un projet-pilote a été mené, principalement par le Conseil de quartier Saint-Roch, toujours en collaboration avec celui de Saint-Jean-Baptiste. De juin à septembre, à raison d’une fois par semaine, les dimanches avant-midi, nous étions à l’îlot Fleurie pour accueillir les valoristes et rembourser leurs contenants consignés. De nombreux bénévoles sont venus nous aider. Plus de 100 000 contenants ont été récupérés !

Sur place, nous avons rencontré de belles personnes, tant bénévoles que valoristes. Certains et certaines nous attendaient même le dimanche, à 8 heures, contents de nous voir.

Complicité et amitié

Damien et moi avons participé quelquefois à ce projet- pilote. Nous avons eu de bonnes discussions. Il m’a jasé du voyage en vélo qu’il préparait, notamment. Nous avons développé une belle complicité.

Depuis ce temps, notre projet a pris de l’ampleur et a donné naissance à un organisme dédié à supporter les valoristes, principalement par la création d’un point de dépôt permanent pour les contenants consignés. Un projet emballant ! Et tout ça, c’est parce que beaucoup de gens y ont contribué au cours des derniers mois et des dernières années.

En janvier dernier, nous avons pris un café et discuté abondamment. De politique, d’actualité, d’environnement, d’une façon d’attirer l’attention et de faire changer le système de consigne, qui, actuellement, n’est pas très avantageux pour les points de dépôt de contenants consignés.

Damien, je souhaite longue vie à notre amitié! Et longue vie à Valoristes Québec!

Vous pouvez joindre Valoristes Québec ou vous abonner à l'infolettre à l’adresse suivante : valoristesqc@gmail.com

L’organisme a aussi une page Facebook.

5/18/2020

Et puis?

Et puis? Comment ça se passe de votre bord?

Je pense que je n'ai jamais autant posé cette question ces dernières semaines, et à un paquet de monde.

Ça, évidemment, c'est cette crise sanitaire que nous vivons tous et toutes depuis des semaines. Une pandémie, ostie. Jamais je n'aurais pensé vivre ça dans ma vie.

Ce nouveau coronavirus est un petit salaud, comprend-on, un sacré problème pour toute les sphères de la société. Et le pire, c'est qu'il tue, pas mal, surtout des vieilles personnes.

À combien de morts on va se rendre? Un million? C'est vraiment pas impossible, considérant qu'il y a quand même de sérieux risques de deuxième vague.

Il faudra donc être vigilant, très vigilant, et pendant plusieurs mois encore, de ce qu'on comprend.

J'espère qu'on retiendra au moins quelques trucs de cette foutue crise qui, littéralement, paralyse nos vies et s'attaque à tout le monde. Personne n'est à l'abri, bien sûr, mais je pense surtout aux plus vulnérables et aux plus pauvres. Par exemple, les personnes qui n'ont pas de toit ou qui n'arrivent pas à manger trois repas par jour, qui se voient obligées de fréquenter des organismes ou des banques alimentaires.

Alors, qu'est-ce qu'on peut apprendre de tout ça? Il est un peu passé sous le radar, mais je vous invite grandement à lire ce texte "long format" de Guillaume Piedboeuf, journaliste à Radio-Canada :

Comment la planète a manqué la bateau

C'est plus long qu'un reportage normal, mais c'est hyper instructif. Ça, c'est du journalisme de profondeur comme je l'aime. Et c'est quand même stupéfiant de comprendre à quel point c'était prévisible. Et qu'on a, collectivement, au niveau mondial, fait bien peu de choses pour prévenir cette pandémie.

Et qu'il y aura d'autres crises du genre, si on ne réagit pas comme il faut. Il y a certainement des leçons à retenir de tout ça.

Alors, et puis après?

L'après suscite aussi beaucoup de questionnements. Est-ce qu'on va pouvoir vivre comme avant? Aller dans des salles de spectacles bondées et tripper devant nos artistes préférés? Ou manger dans nos restaurants favoris avec des gens qu'on aime? Je l'espère... mais sans vaccin, je ne suis pas certain qu'on pourra. Et ce vaccin (s'il est créé, c'est pas 100 % sûr), il ne va pas arriver avant un bon bout de temps, considérant qu'il faudra aussi mettre du temps à le produire et à l'administrer à des millions de personnes.

Alors l'après? Comment l'entrevoir? Osons poser la question... Devrait-on revenir à la normale d'avant la COVID?

Je suis vraiment de ceux qui adhèrent à une relance écologique et sociale. Je pense que cette crise représente une opportunité unique. Il nous faut "absolument allier urgence budgétaire et urgence climatique en intégrant la logique de développement durable dans la présente vague d’investissement public", comme l'écrivaient les 22 Pôles régionaux d’économie sociale du Québec dernièrement dans leur lettre ouverte.

Avec cette crise, c'est le temps de requestionner beaucoup d'éléments... nos valeurs, nos modes de vie, nos façons de faire et de produire des biens, nos manières d'extraire les ressources...

Bien franchement, si, dans quelques années, je réalise que rien dans nos systèmes économiques n'a changé, je vais être vraiment déçu. Déçu de l'humanité, rien de moins. qui n'aura, encore une fois, pas appris de ses erreurs.

Des murs s'en viennent, rappelons-le. Écologique, économique...

Pourquoi ne pas ralentir un peu (beaucoup?) et s'adapter, dès maintenant, alors que nous avons une opportunité unique de revoir de fond en comble nos systèmes?

2/02/2020

Écolo? Les 4RVE

Et puis, vos résolutions?

Je pose la question, car, il y a un peu plus d'un mois, je suis pas mal sûr que, juste après Infoman et le Bye Bye, beaucoup de gens ont affirmé, avec plus ou moins de conviction, quelque chose comme : "Bon, ça y est! Cette année, je veux être plus écolo!"

Peut-être même que des gens ont offert des cadeaux plus écoresponsables (un terme que je juge personnellement beaucoup trop galvaudé, mais ça, c'est une autre histoire).

Alors, vous vouliez être plus écolo. Parfait, bravo. Mais comme on sait, des fois, quand il est question de résolutions de début d'année, eh bien, avouons-le, ça arrive que ça chie un peu 4-5 semaines après.

Et au fond, qu'est-ce que ça veut dire, être écolo? Il y a tellement d'interprétations possibles, tellement d'actions possibles. Je pense qu'il est important de rappeler la bonne base. Je vais proposer ici des idées que je juge vraiment intéressantes, plutôt simples et qui sont directement en lien avec les 4RVE.

Les quoi?

Les 4RVE, c'est pour : refuser, réduire, réutiliser, recycler, valoriser, éliminer.

(Attention : ce qui suit va peut-être sembler pour certaines gens assez radical, mais je pense qu'il est nécessaire de l'aborder. J'ai fait vraiment mon possible, dans ce billet, pour ne pas avoir l'air de vouloir faire la morale à personne. Vous avez tout à fait le droit de ne pas être d'accord et j'invite même les gens à faire des critiques de ce qui va suivre (des critiques constructives, pas d'insultes gratuites, là!).

On sait bien ce qui est arrivé quand Dominic Champagne a lancé son Pacte pour la transition (que vous avez peut-être signé), à l'automne 2018... et j'aimerais que ça ne se reproduise pas avec ce texte. D'ailleurs, le Pacte a fonctionné, mais pas tant que ça, considérant que son objectif était d'un million de signataires. À lire : une analyse assez juste du phénomène réalisée par l'agence Bang Marketing et publiée en décembre 2018.

Ici, je m'en tiens beaucoup à des constats, alors ça ne devrait pas susciter tant de réactions négatives, mais on sait jamais, tsé... Fin de la parenthèse)


Bon, maintenant, revenons aux 4RVE. L'ordre est important. Et allons-y, justement, dans l'ordre.

  • Refuser
"En as-tu vraiment besoin?", titrait le charmant comptable et auteur à succès Pierre-Yves McSween. Faut se poser la question, idéalement tout le temps.

On enveloppe d'une petite pellicule plastique votre savon à l'épicerie, au cas où la bouteille coule (oui, fait vécu dans mon cas. Je suis sûrement pas le seul)? Refusez. Non, pas besoin de ça. Oui, mais le savon pourrait couler? Pourrait, en effet. Mais pensons-y un instant : c'est quoi, objectivement, concrètement, voire scientifiquement, les probabilités que ça arrive. Elles sont presque nulles.

On vous encourage à acheter 2 produits à l'épicerie pour un meilleur prix? D'ailleurs, bien souvent, un seul produit est 2 fois moins cher que ce qui est annoncé (donc aucune différence), alors c'est juste une tactique marketing quasi mensongère. Et en avez-vous vraiment besoin de 2?

Pendant un spectacle, on vous offre un verre en plastique pour y verser votre bière? Vous pouvez toujours demander de la boire à la bouteille. Là-dessus, je dois faire un certain mea culpa et j'aimerais développer davantage ce réflexe.

Par contre, un agenda papier, moi, je dis "oui", j'en ai besoin d'un pour organiser mes semaines. Je l'ai acheté à Limoilou et il est fait à Québec. Je l'aime beaucoup. Il me permet d'avoir une vue d'ensemble sur ce qui s'en vient dans ma semaine, sans avoir tout le temps un écran de téléphone dans la face.

Mais peut-être qu'un sac promo ou une bouteille d'eau pendant un événement quand on en a déjà chez soi, on peut s'en passer. D'ailleurs, les objets promo constituent une énorme source de déchets.

  • Réduire
Au Québec, on produit des tonnes et des tonnes de déchets par année. Même pas la peine de regarder les chiffres, c'est clair que c'est beaucoup trop.

J'en ai trié pendant quelques semaines, dans une autre vie disons, et laissez-moi vous dire que ce n'est pas beau à voir. Une visite dans un dépotoir ou un site d'enfouissement s'impose à quiconque affirme qu'on génère relativement peu de déchets au Québec. C'est complètement faux. Aliments, vêtements, objets de décoration, meubles, emballages variés, appareils de toutes sortes qui ne sont plus fonctionnels (mais qui vont normalement à l'éco-centre, tsé), etc.

Comment réduire? Même question : en as-tu vraiment besoin? Si oui, ben correct, mais il faut assumer ses choix de consommation.

Dans son balado 3,7 planètes, l'humoriste François Bellefeuille veut en faire plus pour l'environnement. Dans les médias, pour parler du balado, il a quand même beaucoup été question du bidet qu'il s'est procuré, question de réduire son utilisation de papier de toilette. C'est vrai que c'est un passage assez comique, car on entend l'humoriste essayer son bidet pour la première fois et constater que ça pince les fesses en titi.

Mais il y a un autre épisode (le huitième) bien intéressant, dans ce balado, et ça parle du spray net. Bellefeuille veut absolument en avoir parce qu'il en met dans ses cheveux avant ses shows pour pas en avoir dans la face. Dans l'épisode, il est aux Îles-de-la-Madeleine et il n'arrive pas à en trouver. Alors il fait quoi? Il n'en utilise pas. Et puis quoi? Bien honnêtement, il se rend compte que c'est finalement pas tant la fin du monde... tiens, tiens.

Réduire. Réduire ses déchets, réduire sa consommation (moins d'objets ou de produits consommés, c'est moins de ressources utilisées), réduire son empreinte environnementale (compenser ses voyages si on en fait beaucoup)...

  • Réutiliser
On pourrait aussi inclure le terme réparer à ce volet. Pour celui-ci, une autre question à se poser : est-ce la fin de vie utile de cet objet? Pour bien des affaires, ce n'est pas réutilisable. Mais pour beaucoup d'autres, ça peut servir à autre chose. Il existe sur Internet une foule de trucs. Ça vaut la peine de fouiller.

Même en alimentation, on peut aussi réutiliser. De ce côté, j'avoue, je pourrais faire des efforts.

La semaine passée, il y avait un Café Réparation, à Québec. Dans mon cas, 2 pièces de vêtements et un drap contour réparés. Tout ça gratis et entouré de plein de beau monde!

Il y a aussi les pages As-tu ça toi? qui peuvent être très intéressantes. J'ai donné plusieurs choses qui m'embarrassaient et dont je ne me servais plus et au moins, je suis certain que quelqu'un les a reprises pour leur donner une deuxième vie.

Je suis bien conscient que c'est pas mal moins évident pour les gens en région de participer à ce genre de trucs. Mais peut-être qu'il y a sûrement moyen de s'arranger. Vous pourriez être des pionniers dans votre région.


  • Recycler
"Moi, je fais ma part, je mets tout ce qu'il faut dans mon bac bleu."

Je n'ai rien contre ce discours. Mais avouons qu'il est bien mince. Avant Noël, beaucoup de gens ont vu et partagé l'excellente vidéo du groupe Alaclair Ensemble, une campagne efficace de la Ville de Laval. Métal, verre, plastique, carton, papier, that's it!

Cette vidéo est excellente, car elle a permis de faire prendre conscience aux gens que certaines choses ne doivent pas être mises dans le bac bleu. Des couches souillées (!), des télés, c'est non. Et ce ne sont pas tous les cartons et tous les plastiques qui vont dans le bac non plus.

On le sait, c'est un peu le chaos dans certains centres de tri. Et l'annonce faite cette semaine par le gouvernement Legault sur l'élargissement de la consigne est très intéressante. Et à surveiller!

Pour les personnes intéressées, deux éditos de Robert Dutrisac du Devoir (ne pas se fier à sa face de bougon ;)). Le premier sur les centres de tri et le recyclage, puis l'autre sur la consigne, Recyc-Québec et ses pouvoirs limités et Éco Entreprises Québec, un lobby pas mal fort qui est contre la consigne. Et un autre texte intéressant du Huff Post Québec, qui permet de comprendre d'autres enjeux. Bref, on comprend que tout ça c'est complexe.

Par ailleurs, je me permets de signaler que ce R de recycler vient après les 3 autres (refuser, réduire et réutiliser). Donc oui, recycler, c'est bien. Mais il y a d'autres options avant. Et, individuellement, on a assez peu de pouvoir sur ce R de recycler. Alors que pour les 3 autres d'avant, oui, on en a.

Le Pacte, c'est pas mal ça, au fond. On fait notre part, dans nos maisons, chez soi et avec notre bac, mais les gouvernements aussi doivent agir, avec beaucoup de moyens. On est dû pour une réforme en profondeur de tout le système de récupération (collecte sélective), qui a connu bien des ratés ces dernières années.

Bon à savoir : en théorie, le verre est recyclable à l'infini. Je dis ça de même...

  • Valoriser
Ici, on parle de compost. J'ai moins de chose à dire. Sauf peut-être qu'il est particulièrement intéressant de savoir que quand les gens ont l'option du compost, ils ont tendance à plus gaspiller de bouffe. Pas grave, ça va dans le bac brun. Euh, oui, ok, mais on pourrait faire mieux (les 2 premiers R, tsé).

  • Éliminer
L'élimination, c'est l'enfouissement ou l'incinérateur. L'idée est évidemment d'avoir le moins possible de choses qui vont là. Les sites d'enfouissement débordent. Les incinérateurs rejettent des particules pas cool dans l'air. Pas plus compliqué que ça.

Alors voilà pour les 4RVE.

S'empêcher de vivre?

Oui, mais, Étienne, on va quand même pas s'empêcher de vivre? Bien d'accord. En fait, presque. Je pense qu'on peut juste penser à vivre différemment, un peu, pas mal, déjà. Je pense qu'on est rendus là.

Suffit de se poser des questions. En ai-je vraiment besoin? Un VUS ou une auto suffit? Ou juste pas d'auto? Compenser ses voyages en avion? Tout ça, ça se fait. Ça demande des efforts, certes, mais c'est possible.

Moi-même, j'ai un char. J'en ai pas trop honte. Et je veux le garder, pour le moment, car j'en ai besoin et que l'offre de transport en commun où j'habite ne me convient pas.

Qu'est-ce qu'on fait?

Alors, qu'est-ce qu'on fait? J'ai le goût de déclarer, haut et fort : place à l'action! Sans vouloir accuser des gens, j'espère sincèrement que certaines personnes vont repenser un peu leur mode de vie. Faudra-t-il en arriver à taxer les déchets au poids? Une telle mesure ferait rager bien des gens, mais ça éveillerait peut-être les consciences.

La protection de l'environnement et la lutte aux changements climatiques, ça peut devenir bien abstrait, car on ne voit pas les impacts sur nos vies, concrètement. Mais une facture salée quand les bacs de poubelle et de récupération sont pleins, ça, ça parle plus aux citoyens.

Car oui, on peut (on doit?) faire mieux. Des données, des études et des rapports nous indiquent qu'il ne reste plus grand temps avant que les conséquences, au niveau mondial, soient désastreuses... Hausse du niveau des eaux, réfugiés climatiques, phénomènes météo extrêmes plus fréquents, on le sait, les nouvelles ne sont pas très bonnes.

Et la meilleure réponse à cette éco-anxiété qui pourrait se développer, surtout chez les jeunes, c'est l'action. Disons-nous que chaque geste compte. Dans la maison, dans les magasins, dans sa cour arrière, dans la rue.

Alors, on agit?

1/20/2020

Le plongeon

Resalut!

Dans mon bilan de mes dernières années (qui a suscité quelques réactions, même une outre-mer!), je constate que je n'ai pas du tout parlé de ma tentative en humour. Pourtant, si j'ai pris un certain risque ces dernières années, c'est bien cette courte mais agréable aventure vers la gloire et le succès (c'est une blague... poche).

Début 2012, je n'avais rien devant moi. Alors j'ai osé. J'ai présenté mon dossier à l'École nationale de l'humour. Ça n'a pas été un succès. Mais bien des gens ont salué mon courage avec ce saut dans le vide.

Début 2020, un peu moins de huit ans plus tard, j'ai tout devant moi.

Alors j'ose... Je plonge... Je me lance en affaires!

Oui, oui! Moi, Étienne Ferron-Forget, petit être gêné à ses premières années de vie, incertain et pas mal low profile quand il était ado, peu confiant alors qu'il sortait de l'université, se sent d'attaque, en feu et prêt à foncer!

"Que tes rêves se réalisent. Il s'agit d'y croire", m'a écrit ma maman dans ma carte de Noël cette année. Elle ne pensait peut-être pas à cette décision de me lancer en affaires... Mais moi, ça, oui j'y crois plus que tout!

"Vis ta vie pleinement", a-t-elle aussi ajouté.

Alors voilà. Je me lance. Je plonge.

Je constate depuis un certain temps que cette décision ne me fait pas peur. J'ai l'impression de flotter, d'avoir des ailes.

Je ne dors vraiment pas beaucoup ces temps-ci (3-4 heures par nuit). Et curieusement, au cours des dernières années, je n'ai jamais eu autant d'énergie et de motivation à réaliser des choses au quotidien qu'aujourd'hui.

Je suis juste trop excité et enthousiaste à l'idée de développer ce projet qui m'habite, m'interpelle et me passionne.

C'est fou! Il y a un an à peine, mon père, un homme si doux et sensible envers les autres, engagé à sa manière, venait de rendre son dernier souffle. Je me sentais alors abattu, déprimé, voire apathique. J'avais le goût de rien. Faire mon ménage et mon épicerie constituaient de gros défis de ma semaine.

Aujourd'hui, maintenant, 20 janvier 2020, il y a une vigueur insoupçonnée en moi. Tout un revirement! Jamais je n'aurais cru ça possible!

Je le confirme et je l'affirme haut et fort ici : je m'engage à mettre tous mes efforts, mes énergies et mon dévouement à la concrétisation de ce projet de valoristes qui me porte, m'emballe et me stimule tant.

Je suis donc désormais un entrepreneur social. Je veux être un acteur de changement social et environnemental, voire économique (les trois piliers du développement durable, quoi). Pour quoi? Je vais travailler essentiellement à la mise en place d'un point de dépôt de contenants consignés pour les valoristes, ces gens qui ramassent les contenants consignés et recyclables des poubelles, bacs de récupération et des espaces publics.

Ce sera local, écolo, social... et génial! Ça va rassembler plein de monde et contribuer à améliorer le sort de personnes marginalisées, entre autres choses. Je n'en dis pas plus pour le moment, car un paquet d'éléments restent à préciser.

On va avoir du pain sur la planche, ça oui. Il y aura des embûches, des noeuds, des épreuves. Mais, je l'espère aussi, des joies, des réussites et des accomplissements merveilleux!

Tout ça va me mener où? Je ne sais pas trop précisément (sûrement vers une super job un moment donné, tsé).

Tout ça m'allume au plus haut point et ça me rend très heureux. Et c'est vraiment ce qui compte pour moi.

À suivre, donc!

1/06/2020

Le temps d'un gros bilan

Ça fait des semaines que je me dis qu'il faut que je me remette à l'écriture...

Alors allons-y.

Bonjour 2020!

Ce n'est pas la fin d'une décennie (elle a lieu fin 2020 en fait), mais c'est certainement un bon moment pour faire un bilan des dernières années. Le chiffre rond donne le goût de s'arrêter un instant et de constater ce qui a été fait et ce qui s'en vient pour nous.

Je l'ai déjà fait à quelques reprises avant, il y a quelques années. Prendre une pause pour noter nos bons coups, nos moins bons, ce qu'on a aimé et ce qui nous a fait un peu chier.

L'exercice permet de replacer certaines choses et de se recentrer, de laisser décanter ce qui a été secoué, de réaliser ce qui se trouve derrière et d'entrevoir ce qui s'amène.

Bon, alors quoi dire des dix dernières années... Il y a beaucoup à dire (ou à écrire, plutôt).

Sur le plan professionnel, j'ai d'abord fait du journalisme. Par la suite, j'ai quitté le métier pour le milieu plus large des communications. Pour finalement y revenir l'automne dernier.

Sur le plan personnel, un paquet de constats, beaucoup de questionnements, énormément d'apprentissages... Des doutes, des incertitudes, un être cher malade qui trépasse (j'y reviendrai)... mais aussi des joies, des succès, des naissances, du bonheur en masse et tout plein de moments mémorables, plus ou moins grands, avec des gens que j'aime.

Au fil des années, je me suis de plus en plus impliqué socialement (je reviendrai à ça aussi). Et je compte bien poursuivre dans cette voie...

Donc, OK, on part ça. Rapido, petit bilan des dernières années :

2010. Je termine mon bacc en communication, concentration journalisme. Collation des grades en juin 2010. Je suis de près le milieu des médias, qui m'intéresse beaucoup (ce qui n'a pas changé du tout).

L'été, je travaille comme technicien en échantillonnage, tri et pesée de matières résiduelles (ou quelque chose de même). Essentiellement, je trie des déchets pour caractériser leur contenu. Sale job, y a pas à dire. Mais ça me change les idées et me rapporte un certain salaire.

Je le savais pas mal, mais je réalise vraiment à quel point, au Québec en tout cas, on jette et on gaspille. De la bouffe, beaucoup trop. Des objets recyclables, d'autres encore utiles ou bonnes, mais aussi une énorme quantité de déchets. C'en est révoltant.

(Je reviendrai là-dessus, indirectement du moins, dans un autre billet plus tard sur 2020, que j'aimerais publier d'ici quelques jours.)

À l'automne, je réalise un stage pour un organisme en environnement à Québec, via le programme Écostage.

2011. Je suis engagé comme journaliste pour un hebdo en banlieue de Montréal. Je travaille là quelques semaines jusqu'à ce que j'arrive à la conclusion que c'est un milieu pas fait pour moi (ou plutôt l'inverse, en fait), car je n'ai pas confiance en moi. Bref, je décide de quitter mon emploi (et une très belle équipe, je dois le dire, une gang soudée et engagée).

Ma blonde de l'époque part en voyage au Bénin pour plusieurs semaines. De mon côté, je me cherche pendant des semaines. J'ai besoin de laisser décanter. Je lis mon Devoir numérique chaque matin, je prends quelques marches, mais pas grand chose m'allume.

2012. Rupture amoureuse, avec une femme rencontrée pendant mes années de travail dans les camps de vacances. Je décide de me choisir.

Je quitte notre appart dans Montcalm et je retourne chez mes parents temporairement, question de faire le point. Finalement, je décide de rester à Québec, d'abord chez ma cousine qui m'héberge gracieusement, le temps de me trouver une autre place où rester. Je me trouve une chambre dans une maison sur René-Lévesque. Rien de bien luxueux ou spacieux (je fais entreposer plusieurs de mes trucs), mais ça fait le travail. Je vis simplement et me contente de peu.

Toujours pas de travail. J'envoie quelques CV, sans trop de sérieux. Je ne m'en fous pas, mais pour le moment, ce n'est pas une priorité pour moi.

Je suis beaucoup l'actualité, surtout ce qui ce passe au Québec. Je mange des nouvelles et ce qui se trouve sur les médias sociaux, Facebook était mon média favori (je me dis que ce truc est promu à un bel avenir, en tout cas). J'écoute aussi beaucoup d'émissions sur mon ordi, car pas de télé. Je prends le temps de lire des vrais livres.

C'est le début du printemps étudiant. Le mouvement social prend de l'ampleur et m'interpelle. Ça éveille chez moi quelque chose.

Un jour de grande manif, je sors prendre la rue, avec une vieille casserole et une cuillère de bois, avec tous les autres qui portent leur carré rouge. On est des milliers.  Je savais que j'étais sensible aux affaires publiques, mais c'est un petit point tournant qui me démontre que l'engagement social a quelque chose de bien beau.

Politiquement, au Québec, ce mouvement fait notamment émerger le nouveau parti Option nationale, fondé entre autres par l'ancien député péquiste Jean-Martin Aussant, qui en est le chef. J'apprends à le connaître, je découvre son parcours, ses idées, ses convictions. Je décide d'embarquer dans le mouvement. Je participe à des rassemblements à Québec, même si peu de gens sont présents.

Je deviens membre de ON et j'en suis fier. Je rencontre des candidats aux élections de septembre 2012. Bref, de super rencontres pour de super idées!

À l'automne, ne sachant trop vers quoi je m'en vais, je décide de m'inscrire à la maîtrise en communication publique à l'Université Laval. J'habite près du campus, alors c'est pratique. Les cours sont stimulants. À l'université, je rencontre une fille super intéressante avec qui je serai en couple pendant près de six ans.

Je travaille aussi au Centre d'études sur les médias, où nous analysons le contenu médiatique de la dernière campagne électorale au Québec.

2013. On va aller un peu plus vite pour les prochaines années, si vous le voulez bien.

À l'université, le fait de devoir me trouver une question de recherche m'affecte. On dirait que ça m'intimide. Peu confiant, je ne sais pas trop vers quoi me diriger, car plusieurs trucs m'intéressent. Mais il faut bien que je fasse un choix. Entre-temps, ma copine m'oriente vers un beau poste en communication pour un organisme à but non-lucratif. Ça m'intéresse et ça me convient. Je suis engagé comme infomestre!

2014, 2015 et 2016. La vie suit son cours. Avec ma copine, nous faisons quelques voyages. Washington, mont Washginton (une superbe ascension, vraiment!), Chicago pour mes 30 ans (un super voyage, vraiment!).

Alors que j'approche les 30 ans, je fais une petite folie (avec l'appui et la complicité de mes parents). Je mise gros lors de la Grande guignolée des médias et je participe à un enregistrement de La soirée est (encore) jeune. On m'invite même au micro, aux côtés de la bande. Olivier Niquet demeure mon préféré.

Avec ma copine, nous déménageons, fin 2016, dans un condo du secteur Lebourgneuf à Québec. Je suis bien.

2017 et 2018. La vie suit son cours. Voyage en Gaspésie à l'été 2017. Je me fais beaucoup de sandwichs et, à l'initiative de Clément Laberge, je vais en manger plusieurs devant l'Assemblée nationale. On en parle dans Le Soleil.

Je décide de m'impliquer un peu avec Québec solidaire, le parti qui me rejoint le plus (justice sociale, écologie, indépendance). Je veux surtout voir de plus près les coulisses d'une campagne. J'apprécie l'expérience, mais elle ne durera pas.

Automne 2018, ma copine et moi reconnaissons que nos voies s'éloignent. D'un commun accord, on décide de se laisser. Ça me fait de la peine, bien sûr.

Et je sous-estime surtout le poids de la solitude. Dans les semaines qui suivent, les repas sont vraiment moins animés et agréables.

L'hiver s'en vient. Les périodes d'ensoleillement se font de plus en plus courtes. Cela affecte mon moral et mon humeur.

2019. Année de bouette (de cul, même) qui débute très mal. Atteint d'un cancer, mon père meurt, après plusieurs jours aux soins palliatifs. Il est parti en douceur, dans la dignité, entouré des siens. Quel homme bon au coeur tendre il a été!

C'est un choc. J'aurais tellement aimé passer encore du temps avec lui pour discuter de toutes sortes de choses, avec complicité et plaisir.

Le retour au travail ne se passe pas bien. J'ai de la difficulté à me lever de mon lit. Je n'ai pas d'énergie. Je prends donc un congé maladie de plusieurs semaines.

Je soupe avec un cousin que ça fait longtemps que j'ai pas vu et ça me fait du bien. On jase beaucoup, c'est agréable. Il m'encourage à plonger et à oser, ça me motive.

Cela dit, je n'arrive pas vraiment à remonter la côte. Les journées s'avèrent dans l'ensemble difficiles. Je suis peu motivé. Je poursuis mes rencontres en thérapie offertes par l'employeur. C'est OK, mais je ne peux dire que ça génère chez moi un rétablissement et un regain d'énergie probant.

J'effectue un retour au travail progressif. Mais ça continue de battre de l'aile.

Finalement, je décide de quitter mon emploi avant mes vacances. Je pars en solo vers Natashquan, sur la Côte-Nord. Ma mère lance l'excellente idée de proposer un voyage Amigo pour m'accompagner pendant la route. À Québec, le matin, je rencontre Ksenia Tsypina, d'origine russe, et son fils Pavel, que je conduirai jusqu'à Sept-Îles. C'est aussi avec elle que je ferai le chemin du retour, de Baie-Comeau à Québec.

La route paraît vraiment moins longue en bonne compagnie. On jase de plein de trucs, de séries télé, de politique, du conflit étudiant de 2012, de la vie en région...

Rendu à la dernière journée de mon voyage, je lui confie que j'ai quitté mon emploi et que je ressens un beau sentiment de liberté. Et que je veux travailler plus intensément sur un projet d'entreprise en économie sociale dans le domaine du recyclage. Elle m'encourage à me lancer.

Fort ressourçant et fort stimulant.

2020. Globalement et avec un certain recul, je suis quand même content des dix dernières années.

J'ai pu préciser des choses dans ma tête, dans ma vie. Identifier ce qui m'interpelle, ce que je veux et, surtout, ce qui me rend heureux.