5/15/2009

Raël à tout prix

L'observatoire du journalisme ProjetJ.ca rapportait hier que les Raéliens demandent qu'on retire le prix Judith-Jasmin remis à Brigitte McCann en 2003 pour son reportage qui faisait état des activités de la secte.

À l'époque, Madame McCann et sa collègue photographe Chantal Poirier, toutes deux employées du Journal de Montréal, avaient infiltré le mouvement afin de l'exposer plus en détails au grand public. Les manoeuvres des journalistes ont par contre été dénoncées par certains membres de la secte, puis condamnées tout récemment, à la suite d'un jugement de la Cour du Québec. Le juge Claude G. Grenier a en effet donné raison à deux Raëliens, condamnant Sun Media Corporation, la filiale de Quebecor qui publie des journaux, à verser 10 000 $ en dommages.

D'abord, il est un peu étonnant de voir la Cour du Québec condamner une pratique journalistique qui a été honoré. Il s'agit quand même du prix Judith-Jasmin, remis pour les meilleurs reportages dans la presse écrite et électronique.

En ce sens, on serait tenté de croire que les Raëliens ont raison de demander le retrait du prix à Madame McCann. Après tout, si la justice juge que les démarches entreprises étaient inadéquates, pourquoi alors récompenser un tel travail?

Selon le Guide de déontologie de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), on peut utiliser des moyens clandestins uniquement "si l'information recherchée est d'un intérêt public certain, si l'information ne peut vraisemblablement pas être obtenue ou vérifiée par d'autres moyens et si les gains pour le public dépassent les inconvénients qui peuvent être causés à des individus".

Je ne connais pas le fin fond de l'histoire, mais une chose est sûre : dans le cas qui nous intéresse, les deux journalistes ont intégré le mouvement raëlien au moyen de fausses identités. On a également photographié et publié des photos des membres sans leur consentement. Et là, étant donné que l'activité est privée, il y a sans aucun doute eu faute.

Dans son livre qui a suivi son reportage, Brigitte McCann raconte que c'est le journal qui lui a suggéré l'histoire. Selon l'article de La Presse à ce sujet,
le juge Grenier a insisté sur le "manque de sérieux" du travail exigé et "se demande si Sun Media réalise la portée de ce qu'il demande à ses employés, et le fait que ça pourrait mal tourner pour eux, au point de vue de leur sécurité".

De plus, tel que le rapporte Lise Millette sur ProjetJ.ca
, le porte-parole du mouvement raëlien, Daniel Chabot, justifie la demande du retrait du prix journalistique. "Il est inacceptable que la Fédération professionnelle des journalistes du Québec laisse un prix de ce prestige à une journaliste qui utilise des moyens jugés par le tribunal du Québec comme abusifs et illégaux", a-t-il affirmé.

Peut-être cela aura-t-il des conséquences sur les manières de pratiquer le métier utilisées par les journalistes. Qui sait? En tout cas, malgré tout ce qu'on peut penser des Raëliens, il faut avouer que, parfois, ils sont capables de démontrer qu'ils ont une tête sur les épaules.

Des fois.

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