10/13/2010

L'incompréhension de Quebecor

Je ne suis pas un grand amateur de ce qui est mercantile. Cela dit, quand j'ai vu les lock-outés du Journal de Montréal presque sauté de joie, mardi, quand on a annoncé que 89,3 % des syndiqués s'opposaient aux offres patronales, je suis demeuré perplexe.

Mais après un certain recul, j'ai compris. J'avais déjà un peu lu dans les médias qu'on parlait d'une réduction drastique d'effectif. La direction de l'empire médiatique voulait conserver seulement 52 postes sur 253, et seulement 17 journalistes sur 65. C'est pas beaucoup, avouons-le. Juste pour comparer, le Devoir, qui a un tirage 10 fois moins important que le JdeM, compte une quarantaine de syndiqués parmi lesquels figurent 25 journalistes. En passant, Le Devoir, quotidien indépendant, connait moins de difficultés financières que bien d'autres journaux.

52 jobs, merde. Sur les 253 syndiqués, vouloir garder si peu de gens, c'est presque se foutre des employés. Ou ne penser que dans une logique commerciale, sans respect pour l'organe social qu'est un journal. Expliquer de telles propositions par la crise profonde des médias et une "nouvelle réalité de la presse écrite", désolé, mais je n'y crois pas trop.

Mais ce qui est le plus odieux dans la proposition patronale, c'est cette fameuse clause de non concurrence, qui demande aux syndiqués de mettre la hache dans Rue Frontenac en plus de ne pas travailler pour La Presse/Cyberpresse pendant six mois.

Le président du syndicat, Raynald Leblanc, parle de principe, dans une entrevue accordée au Trente. "Tu mets des gens dehors, tu ne les empêches pas d’aller travailler ailleurs", se désole-t-il. Il rappelle également qu'une augmentation du lectorat du JdeM est "la pire affaire qui pouvait nous arriver".

Patrick Lagacé, chroniqueur à l'émission de Mario Dumont sur V, a dit mercredi y voir "un signe de faiblesse" de la part de Quebecor. Pierre-Karl Péladeau, le pdg de l'entreprise, aurait-il peur de ce que pourrait devenir, à plus long terme, Rue Frontenac, qui, d'ailleurs, sera sous une version papier hebdomadaire gratuite très prochainement?

Il faut le dire, les syndiqués ont bâti quelque chose de beau. Rue Frontenac est économiquement viable, selon M. Leblanc, même sans fonds de grève, et les syndiqués y tiennent mordicus. "La seule avenue viable pour nous, pour essayer de sauver des jobs, c'était Rue Frontenac", a soutenu M. Leblanc au Devoir.

Reste que présentement, les relations sont on ne peut plus tendues, et les négos au point mort. Le plus long conflit de travail de la presse francophone au Canada n'est pas près de se terminer.

Par ailleurs, deux lock-outées, Pascale Lévesque et Valérie Dufour (qui a comparé l'arrivée de PKP à un "loup" qui entre dans la bergerie...), seront à Tout le monde en parle ce dimanche.


P.S. C'est le Blog Action Day vendredi, dont le thème cette année est l'eau. Je me prépare mentalement.

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