5/09/2007

Que le pire achève

Je ne veux pas me prendre pour Madame Cousineau, chroniqueuse à La Presse, mais hier, j'ai allumé. À vingt heures dix minutes précisément, j'ai réalisé à quel point le nouvelle version du quiz télévisé Que le meilleur gagne était mauvaise. Non seulement l'animation est affreuse, mais ça manque cruellement de rythme. De ce que je me souviens, Gregory Charles était bien meilleur. C'était rassembleur, spontané, vivant et sympathique. Greg, c'est le king! Plus que Burger lui-même (...)

Aujourd'hui, Alain Dumas, king? Oh que non! En fait, c'est assez pitoyable. L'émission autant que l'ambiance. Les gens rient à cause de l'animateur de foule qui les incite à le faire, et non parce que c'est drôle et dynamique. Et en plus, il faut que des artistes viennent passer le temps parce que les concurrents (trop bons...) s'éliminent trop rapidement. C'est pourquoi Marie-Ève Janvier, chanteuse, ancienne membre de la troupe de Don Juna, est venue faire un tour sur le plateau de l'émission.

Et les gens ont applaudi... Oui, oui. Les cent concurrents ont tapé des mains pour faire du bruit. Tap, tap, tap.... Merde! Avoir participé à cet enregistrement en tant que concurrent, je pense que j'aurais quitté le plateau. Le plateau? Non, ça ne mérite même pas ce mot-là. Un plateau, c'est prestigieux, c'est beau, c'est précieux. Appelons ça l'assiette ou, encore mieux, la soucoupe. Fuck le cash. Je me tire, je me casse, comme ils le disent si bien en France.

Non mais sérieux, c'est pathétique. Et ils pensent que ça va marcher, l'émission? S'ils réussissent à attirer plus d'un million de téléspectateurs après plusieurs semaines, ça va me tuer, je le sais. Je vais mourir de déception. (Est-ce que ça se peut?)

N'empêche, la semaine passée, j'étais bien excité du fait que le jeu revienne en ondes après tant d'années. Il y a dix ans, je m'en souviens bien vaguement, mais je pense bien que je ne ratais pas une seule émission. Dans le temps, un de mes oncles avait participé et il s'était rendu assez loin sans toutefois récolter le magot. Alors lundi passé, j'étais au poste. Fin prêt à regarder avec attention ma boîte à émissions. Le problème, c'est que j'étais tellement sûr que c'était bon. Dans ma tête, c'était une émission à ne pas manquer. Et j'ai apprécié. Du moins, un peu, je pense. Alors je l'ai écouté au complet. Je ne sais pas trop pourquoi : le studio était big, les écrans bleus, rouges et gris m'impressionnaient... je sais pas trop pourquoi en fait. Simple curiosité, disons.

Soyons clairs. Ce que j'aime le plus de cette émission-là, c'est qu'on voit qui rate les questions faciles. Après, tu peux faire "Pouah! Il a manqué ça, le poche!". Mais c'est tout. Parce que cette semaine, le déclic s'est fait et plus jamais je n'écouterai Que le meilleur gagne.

Reste le fait qu'il y a huit jours, je me suis inscrit pour y participer. Prénom, nom, adresse et tout. Et ils demandaient une anecdote. J'ai raconté en détails l'épisode de la mouche coincée dans mon oreille pendant plus de deux heures.

Je devais avoir autour de dix ans. Ma mère était partie à une réunion ou un autre événement du genre. Mon père me borde et me souhaite bonne nuit. Après trente secondes dans le lit, je sens une présence désagréable près de mon oreille gauche. Par réflexe, je m'enfonce l'index dedans. Par le fait même, j'y enfonce une mouche. Et c'est là que ça commence. Tzzzzzz. Tzzz. Je sens une aile battre péniblement. Ah non, putain. Je descends voir mon père, les paupières à peine ouvertes. "Papa, j'ai une mouche dans l'oreille." Il ne m'a d'abord pas cru. Normal. Une mouche dans l'oreille, franchement. Je lui aurait dit que je croyais encore au Père Noël, il m'aurait cru. Je lui ai dit que c'était vraiment vrai. Il m'a suggéré d'utiliser un Q-Tip. Sauf que je l'ai enfoncé encore plus profondément. Bon, belle affaire, ça! Tzzz, tzzz. Je l''entends tout près de mon tympan, par intervalles de quelques secondes. Et ça fait un peu mal.

Ma mère est arrivée plusieurs quarts d'heure plus tard. J'étais dans ma chambre. Incapable de dormir, je suis aussitôt descendu pour lui confier mon problème. Elle ne m'a pas cru non plus. Je lui ai juré que c'était vrai, que je sentais quelque chose s'agiter dans un de mes orifices auditifs.

Alors je me suis installé de côté sur le divan, lampe de poche à la main. Ma mère, armée de pinces à cils, a fouillé mon oreille. Au début, elle croyait sûrement perdre son temps. Par contre, après une exploration minutieuse, elle a accroché la mouche. Elle l'a sentie bouger. À présent, elle savait bien que c'était vrai. Qu'une mouche s'était bel et bien logée dans mon oreille. Elle a poursuivi ses manoeuvres pour enfin, au bout de quelques minutes, retirer l'insecte, encore vivant, mais très affaibli.

Je leur ai envoyé ça, à l'équipe de l'émission. Et je le sais trop bien : les gens de Radio-Can vont être séduits par mon histoire (c'est tellement anormal) et je vais être choisi. Moi. On va me demander de participer à un quiz qui m'irrite et que je trouve si poche. Si jamais j'y vais et que je vois ce que j'ai vu hier ou quelque chose de vraiment similaire, je vais quitter la soucoupe. Oui, je vais m'en aller du dessous de tasse... Oui, je vais sacrer mon camp et crier haut et fort à quel point l'émission est une merde. À moins que ça ne dure que quelques semaines et qu'après un certain temps, les diffusions cessent. Ce serait drôle quand même. Grosse perte d'argent pour la SRC. Et pauvre Alain Dumas... Humilié, vous dîtes?

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