4/20/2009

Un obstacle au travail

Dans sa chronique d'aujourd'hui, Yves Boisvert du quotidien La Presse craint que le journalisme d'enquête soit appelé à disparaître. Selon lui, la décision d'un juge, vendredi dernier, "rendrait illégales à peu près toutes les enquêtes journalistiques".

C'est que le juge Jean-François de Grandpré considère que si un journaliste transmet une information obtenue grâce à un bris de confidentialité, il commet une faute. Extrait :

Et puis il y a ce passage, où le juge écrit que le journaliste qui acquiert une information «suite à la commission d'une faute » n'a « pas le droit de l'avaliser».

Il me semble bien, comme Boisvert le souligne, qu'on touche ici à l'essence même du journalisme d'enquête. Le but d'une enquête journalistique, c'est de fouiller. Par contre, il est de ces occasions où l'on peut difficilement fouiller une affaire sans que quelqu'un nous ait mis sur une piste.

Et c'est là qu'interviennent des sources anonymes, comme Ma chouette. Voyez le petit rectangle, dans le coin supérieur droite de cette page Web. Pour ceux qui l'ignorent, Ma chouette est la source qui a confié au journaliste Daniel Leblanc, du Globe and Mail, des informations ayant permis de faire la lumière sur le scandale des commandites.

Ce n'est pas rien. Et c'est pourquoi il faut protéger l'identité de Ma Chouette. Si plus personne n'ose informer les journalistes de malversations ou d'autres conneries de la part de dirigeants politiques, la démocratie, dans son ensemble, se voit passablement affaiblie.

Pour que d'autres magouilles du genre éclatent au grand jour, on se doit de permettre aux journalistes de s'informer autrement que par des sources officielles. Et, s'ils jugent l'information d'intérêt, les journalistes doivent dire ce qu'il en est.

Si un juge affirme que les journalistes n'ont pas le droit de faire leur boulot, il me semble bien qu'on se retrouve devant une aberration.

1 commentaire:

Unknown a dit...

Je suis parfaitement d'accord avec toi cher collègue! Il va de soit que les sources qui donnent des informations aux journalistes puisse jouir d'une certaine discrétion. Comme tu le soulignes, c'est souvent grâce à des sources qui, avec raison, veulent préserver l'anonymat qu'on met au grand jour des scandales comme celui des commandites. Le journaliste prend déjà un risque à titre personnel de publier ces histoires; la moindre des choses est qu'il puisse au moins protéger ses sources!