6/11/2010

Quand l'ombudsman s'en mêle

L'analyste politique à Radio-Canada Michel C. Auger a été ramené à l'ordre tout récemment par l'ombusdman de la SRC, Julie Miville-Deschêne. Une téléspectatrice a porté plainte après avoir entendu Auger dire qu'il y avait eu "un manque dans le contrôle de la qualité", au sujet de Gérald Tremblay, Jean Charest et Stephen Harper, si on les compare respectivement aux Jean Drapeau, René Lévesque et Pierre Elliott Trudeau de l'époque.

Rue Frontenac a plus de détails (Auger reconnaît son erreur). Patrick Lagacé, sur son blogue, n'en revient tout simplement pas, et considère le jugement de l'ombudsman comme étant déconnecté de la réalité.

Ce n'est pas la première fois qu'un journaliste est en quelque sorte rabroué par celui ou celle qui veille à "l'application scrupuleuse" du guide très stricte de la SRC intitulé Normes et pratiques journalistiques. Bernard Derome a lui-même été l'objet d'un blâme après avoir dit de son ex-collègue Bernard Drainville, aujourd'hui député péquiste, qu'il allait se rendre loin en politique juste avant les élections. Des émissions comme Tout le monde en parle sont un terrain fertile à ce genre de problème. Dans un contexte moins formel, il arrive qu'on se lâche un peu lousse. C'est ce que Michel a fait.

Il y a quelques jours, Alain Gravel était de passage à Bons baisers de France, pour parler de ses enquêtes qu'il fait et des infos qu'il sort depuis un an. Quand l'animatrice France Beaudoin a voulu savoir s'il était en faveur d'une enquête publique sur le milieu de la construction était une bonne chose, il s'est abstenu. C'était la chose à faire. Chantal Hébert, analyste politique comme Michel C. Auger mais au niveau fédéral, a refusé de se prononcer à propos de la guerre en Afghanistan, il y a quelques années de cela, toujours à Tout le monde en parle.

Cela dit, le travail de Gravel ne ressemble à peu près en rien au travail d'analyse ou de commentaire de Michel C. Auger. Celui de Chantal Hébert, un peu plus. Mais ce qu'on oublie, c'est que l'opinion émise par Michel reflète plutôt bien les allures de la politique québécoise actuelle. C'était un peu moins formel que pendant un Téléjournal, sauf que justement, il était à Tout le monde en parle, une émission où l'atmosphère est de loin plus décontractée. Jean Lapierre, son homologue ou presque à TVA, fait à peu près la même affaire, sinon pire, presque chaque jour. La différence entre l'analyse et le commentaire ou la chronique est archi floue.

Julie Miville-Deschêne, qui a des airs de Nathalie Petrowski, a sans doute bien joué son rôle. Par contre, à mes yeux, Michel C. Auger, même s'il a avoué que ses propos étaient 'inappropriés", n'a pas franchi les limites. De plus, il est bien mentionné que les émissions dramatiques et d'humour ne relèvent pas du mandat de l'ombudsman. TLMEP étant à cheval entre l'humour et les affaires publiques, il est difficile de faire la part de choses.

Je comprends que Radio-Can tient à demeurer rigide, mais là-dessus précisément, et dans un contexte comme celui de TLMEP, il ne faut pas capoter non plus.

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