11/09/2007

Le bal (Partie 2)

Première partie ici.

Je me suis fait une liste pour l'occasion. C'est bien la première fois que je m'investis tant dans une aventure avec la gent féminine. Le premier nom, en haut sur le papier, correspond à celle que j'inviterai en premier, la suivante étant un plan B. Pas de plan C ou D. Deux, c'est assez. J'aurai fourni quelques efforts, du moins...

Et puis aujourd'hui, je m'attaque à ce petit post-it jaune. C'est un grand jour pour moi. Je me suis relevé de cette détresse extrême et j'ai repris confiance entre autres grâce à mon frère. Dans son cas, ça a été instantané. Il n'a eu qu'à demander gentiment et puis, tout de suite, c'était un oui. Même que la fille était flattée qu'il la choisisse.

Bon, ça risque fort bien de ne pas se passer exactement de la même façon, mais c'est le résultat qui compte.

Ma stratégie est prête depuis la veille. Aujourd'hui, on a un cours de français, mais il se déroule exceptionnellement à la bibliothèque. J'en profiterai pour lui en glisser un mot juste avant d'entrer dans le local. Facile, discret et efficace comme méthode. Ça m'obsède, ça occupe toutes mes pensées depuis ma première gorgée de jus d'orange ce matin. C'est l'événement de la journée. On m'apprendrait que j'ai une maladie incurable, ça me passerait deux pieds au-dessus du crâne. Je veux obtenir une réponse aujourd'hui!

Je me suis répété la scène des milliers de fois. Je l'ai même marmonné à plusieurs occasions. Avant de m'endormir, dans mes rêves, en déjeunant ce matin, à bord de l'autobus tantôt. Ma phrase s'avère être parfaitement formulée. "Salut! Je me demandais si tu allais avec quelqu'un au bal." Et puis, si elle ne répond pas, "Parce que moi, je t'inviterais bien à y aller avec moi...". Après toutes ces pratiques, je crois bien avoir trouvé la bonne intonation, le bon rythme et l'articulation parfaite.

La cloche sonne, sortant tout le groupe de leur sieste qui, curieusement, coïncidait avec l'ennuyeux cours d'économie. Prochaine période : cours de français! Tout le groupe prépare ses livres pour ensuite descendre en bas et se rendre à la bibliothèque. C'est le moment tant attendu pour moi.

Ma gorge devient toute nouée, ma bouche s'empâte. Merde. Pourquoi faut-il que ça survienne exactement quand ce n'est pas le temps? Ça se passait bien cette nuit, pourtant. On vient de franchir les dernières marches de l'escalier menant au sous-sol. Elle est à quelques pas de moi. Mon grand, c'est maintenant ou jamais!

- Salut!
-Salut!
- Je... ben... je me demandais si t'allais avec quelqu'un au bal.
- Non, pas à date.

Bingo!

-
Ah non? Ben... c'est que... ben... euh... je me demandais si ça te tentait d'y aller avec moi.
- Ah...
- Ben... euh...
- Je vais y penser... J'avais pensé y aller toute seule, vu que ça fait pas si longtemps que j'suis plus avec Tommy.
- Okay. Alors... on s'en reparle?
- C'est ça, oui.

Voyons. Comment ça, toute seule? Oui, je veux bien comprendre qu'elle vient de laisser quelqu'un, mais câline, ce n'est pas une raison valable. On ne va pas sortir ensemble, là. C'est un bal! On va juste y aller en tant que compagnons, c'est tout. Il n'y a rien de bien compliqué là-dedans, il me semble.

Quand même, sans me péter les bretelles (de toute façon, l'uniforme scolaire n'en comporte même pas!), il y a de quoi être fier. Je lui ai parlé, maudit. J'ai même proposé une certaine suite à la conversation. Oui, moi, devant l'individu désiré, j'ai prononcé des choses, ces choses étant des mots, ces mots formant des phrases, ces phrases étant compréhensibles. Mission accomplie en partie! La balle est dans son camp à présent. C'est sa décision. Et je m'y soumettrai.

Mais peu importe ce qu'elle me fera savoir et comment elle s'y prendra, je pourrai dorénavant dire que j'ai affronté une de mes craintes existentielles : inviter une fille à aller quelque part.

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Une chance que tu t'étais pratiqué...Je sais pas comment t'aurais pu attendre encore plus que je fasse les premiers pas...C'est pas grave t'auras pas d'autres chances de te pratiquer à "attaquer", j'espère...
Je t'aime

Étienne Ferron-Forget a dit...

Merci d'avoir pris les devants...
Je t'aime

Anonyme a dit...

et c'est quoi la fin de l'Histoire??
-Val, la cousine!