11/02/2007

Le bal (Partie 1)

16 ans. Secondaire V. Dehors, ça se réchauffe de plus en plus : même plus besoin de manteau pour sortir dehors. La fin d'année approche à grands pas et l'annonce d'examens énerve un peu.

Les examens, ça va. On n'a qu'à bien se préparer, se dire que ça va bien aller, penser positif et puis ce sera fait dans le temps de le dire.

Mais pas le bal. Oui, le fameux bal. Cet événement qui ne cesse de me ronger les neurones depuis que maman a osé aborder le sujet alors qu'on se régalait de pâtes au pesto. Pourtant, je n'avais pas besoin d'elle pour me le rappeler. Le bal, putain. L'épisode est ancré dans ma caboche ça fait bien longtemps. Je l'appréhende depuis laide lurette. Dès ma naissance, quasiment.

Et ça fait maintenant un mois que j'y pense plus sérieusement, pour la simple et bonne raison que ça s'en vient. J'en fais des cauchemars la nuit quand je dors. Naturellement, je ne songe pas nécessairement à la cérémonie en tant que tel, mais bien à qui pourrait m'accompagner.

Elle est là, la question. Ou ici. Ou encore là-bas, dépendant évidemment de l'endroit où l'on se trouve...

Qui voudra bien vouloir de quelqu'un d'aussi... aussi... aussi...

Ordinaire?

Anne-Marie. Valérie. Ariane. Karine. Véronique. Les noms défilent dans ma tête. Tour à tour, l'une après l'autre, j'imagine leurs réponses identiques. Nettes, claires, tranchées et convaincues. Non.

Peu importe à qui je vais bien vouloir m'adresser, je suis convaincu que la fille en question, bien que mal à l'aise un brin, finira par décliner. De toute façon, c'est à peine si j'ai déjà ouvert ma bouche devant elles pour leur parler. Et quand je l'ai fait, je transpirais même des lobes d'oreilles et je devenais rouge comme une tomate utilisée dans la fabrication du ketchup Heinz, si ce n'est pas de la sauce Chili.

Une chose est certaine : je ne suis quand même pas pour y aller avec quelqu'un que je connais à peine!

Les meilleures, les plus belles, les plus gentilles, les plus tout dans le fond, ne sont plus disponibles, à quelques exceptions près. Dynamiques, souriantes, pétillantes même sans gaz carbonique. De belles prises pour n'importe quel pêcheur le moindrement joli et courageux. Qualités qui, malheureusement, me semblent hors de portée.

En reste quelques-unes. Deux ressortent du lot. L'une a laissé son copain il y a quelques semaines; l'autre, je ne sais pas trop. Ce seront mes cibles pour les prochains jours. Je vais les scruter à la loupe de manière à pouvoir savoir si, oui ou non, elles ont un cavalier pour le satané bal. Et puis si non, alors ce sera ma chance.

J'essaie de noter le plus que je peux. Leurs regards, leurs attitudes, leurs discussions, jusqu'à leurs moindres petits secrets entre amies. Et puis, un beau jour, si le champ est libre, tel un prédateur agrippant fermement sa proie, ce sera le grand saut.

Maman m'a dit que le pire qui puisse arriver, c'est qu'elles disent non. "Non". Oui, c'est le pire. Mais c'est énorme.

Trois lettres, merde. Trois lettres banales. En fait, non, pas si banales. Car ne l'oublions pas, ces lettres forment le mot qui me terrorise le plus en ce moment. Et puis ça sonne très mal, il faut l'avouer. Non. Ça sonne grave, ça représente la défaite, l'échec, le déni, le refus.

Pire : le rejet.

Et bien que pas si orgueilleux, je ne crois pas pouvoir faire face à ça. Juste d'entendre mes objectifs féminins, si on peut les appeler ainsi, prononcer le terme et je serai abattu. De constater qu'elles auront permis à leurs cordes vocales de produire un tel son, ça va me démolir. Je vais être à terre, K.O. Et je vais y rester un bon moment, sans arbitre obèse dans sa chemise lignée trop serrée pour me hurler le décompte comme dans tout bon combat de boxe.

Les filles. Ah, les filles, elles me font chier des fois...


La suite un moment donné... C'est quand même long à rédiger, ces affaires-là...

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Wow, je suis convaincue que plusieurs ados ressentent exactement la même chose à ces moments-là dans leur vie...

Quant à toi, dieu que t'as changé depuis! ;)

Anonyme a dit...

Qu'il a changé! C'est devenu un tombeur ultra sexy!

Anonyme a dit...

Qu'il a changé! C'est devenu un tombeur ultra sexy!

Étienne Ferron-Forget a dit...

Un tombeur ultra sexy!
Ouin, ouin, ouin...

Le pire, c'est que c'est vrai!